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Description technique

Nombreux sont les instruments de Cavaillé-Coll à constituer un patrimoine d’exception, mais l’orgue du Marquis de Lambertye, aujourd’hui installé à Bécon, tient une place très particulière dans la production de ce facteur d’orgues.
Les conditions de sa commande et de son édification font qu’il se rapproche plus de la catégorie des orgues de salon que de celle des orgues d’église. Loin d’être symbolique, cette distinction fait de cet instrument -l’un des plus grands orgues de salon de cette période de Cavaillé-Coll- un témoin unique de l’art véritable de ce facteur, puisqu’à l’inverse des orgues d’église il a été conçu selon les souhaits de son commanditaire. Ainsi, loin des grands instruments d’église qui, bien que somptueux, ne peuvent rivaliser avec l’originalité de l’orgue du Marquis, celui-ci est-il un concentré de particularités. En outre, on notera une forte influence allemande dans les choix esthétiques de cet instrument.
Si de manière tout à fait anecdotique, certains jeux utilisent des noms d’origines germaniques (Untersatz, Subbass...), Pédales d'expressionle visiteur remarquera certainement dès son arrivée à la tribune la présence, à la console des claviers, de trois pédales d’expression à bascule. Cet instrument est en effet le premier orgue de Cavaillé-Coll à disposer de ce système à bascule, d’un maniement beaucoup plus souple que les cuillers utilisées jusqu’alors. Ce dispositif, très certainement emprunté au grand facteur allemand Walcker, permet d’actionner les boîtes expressives, mais également d’agir sur la Physharmonica.
Ce jeu, lui aussi emprunté à Walcker, est un jeu à anches libres, sans tuyaux, comparable à un jeu d’harmonium dans l’orgue. En France, seuls les orgues de Saint-Brieuc et de Luçon ont compté dans leur composition de tels jeux, aujourd’hui irrémédiablement disparus.
Revenons un instant sur le système d’expression de cet instrument. Il s’agit comme partout ailleurs de confiner à l’intérieur d’une boîte, dite expressive, l’ensemble des tuyaux d’un clavier. La boîte est munie de volets qui permettent, en les manoeuvrant par le biais des pédales citées plus haut, d’« enfermer » ou non le son et ainsi d’obtenir des nuances. Si c’est ici le cas au clavier de Positif, le clavier de Récit dispose de volets sur deux faces dont nous savons que « l’une s’ouvre lorsque l’autre se ferme ». Ce détail est tout à fait extraordinaire puisqu’il implique que Cavaillé-Coll y a appliqué, pour la seule et unique fois dans toute sa production, le principe allemand du Fernwerk qui, en plus de produire des nuances, apporte un effet d’écho en diffusant le son par un chemin dérivé.
Au-delà de ces considérations plutôt techniques, on appréciera l’extraordinaire qualité de chacun des timbres de l’instrument à l’image du voyage au travers du romantisme qu’offre la nomenclature des jeux.
Sa conception a notamment servi de modèle pour le prestigieux grand-orgue de l’église nationale de Kallio à Helsinki (Finlande), achevé en 1995 par la maison suédoise Äkerman & Lund.

 

 
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